Romain Colonna affrontera le maire d'Ajaccio dans la première circonscription de Corse-du-Sud. Photo : Michel Luccioni
- Vous êtes qualifié pour un second tour où on ne vous attendait pas forcément. Comment expliquez-vous votre score ?
- C’est d’abord le fruit d’un long combat au nom du nationalisme, qui a trouvé son origine contemporaine dans les années 60 et 70. Il y a une forme de continuité. Cette continuité, c’est aussi celle de la démarche portée par le président de l’Exécutif Gilles Simeoni dans le cadre des dernières élections territoriales à travers Fà Populu Inseme. Et puis nous avons, dans le cadre de cette élection législative, mené une campagne très dynamique avec notre équipe, et respectueuse de l’ensemble des candidats. Mon message était clair : mon seul adversaire, c’est Laurent Marcangeli et la politique macroniste parisienne. Après, ce score est peut-être aussi une forme de reconnaissance du travail continu que j'ai accompli à la Collectivité de Corse pendant quatre ans en tant que conseiller territorial. Enfin, je me suis adressé, dès le début, à l’ensemble des Corses. Je suis nationaliste corse, mais il est hors de question de faire la Corse des nationalistes, uniquement pour les nationalistes, donc logiquement, je m’adresse à tous les Corses, et je pense que ce message-là a été compris.
- Jean-Paul Carrolaggi a annoncé qu’il voterait pour vous à titre personnel, mais vous laisse convaincre ses électeurs. Comment comptez-vous fédérer l'ensemble des nationalistes sur ce second tour ?
- Tout mon parcours a été celui du nationalisme corse démocratique pour la reconnaissance des droits du peuple corse. J’ai l’intime conviction qu’il y a un petit peuple qui existe ici, au coeur de la Méditerranée et qu’il a un droit imprescriptible au bonheur. Cela doit se traduire par une reconnaissance juridique qui doit être déclinée à travers un certain nombre de droits d’un point de vue économique, social, linguistique, culturel, institutionnel. C’est ma définition du nationalisme. Depuis le début de cette campagne, je n’ai jamais parlé de division de la famille nationaliste, mais de nuances démocratiques qui devaient s’exprimer dans le cadre du premier tour. À partir du moment où il y a eu une croissance importante du mouvement national, il n’est pas anormal que s’expriment des nuances en termes de stratégie, de personnalité, d’exercice du futur mandat. C’est l’enjeu d’un premier tour. Je respecte la candidature et les électeurs de Jean-Paul Carrolaggi, j’ai mené avec lui des combats communs. Je n’estime pas avoir participé à une désunion, mais à un combat démocratique dans le cadre d’un premier tour. Maintenant, nous sommes au second tour, et c'est une autre affaire. C’est un duel, projet contre projet face à Laurent Marcangeli. Bien évidemment, j’appelle l’ensemble des électeurs à se rassembler autour de ma candidature, prioritairement ceux qui se sont portés sur Jean-Paul Carrolaggi et Michel Mozziconacci au premier tour, mais aussi l’ensemble des Corses.
- Michel Mozziconacci vous apporte un soutien officiel. Corsica Libera, en revanche, refuse de soutenir les candidats de Femu, quelle est votre réaction ?
- C’est une réaction de satisfaction, bien entendu, à l’adresse de Michel Mozziconacci. Il a été conforme à ce qu’il avait annoncé le premier jour de sa campagne : il avait alors dit qu’il appellerait à voter pour le candidat démocrate et progressiste qui serait qualifié au second tour, s’il n’y était pas. C’est chose faite, et je salue cette initiative. Je l’avais appelé dès le soir du premier tour, car il me semblait normal d’entretenir des rapports cordiaux avec des personnalités importantes de la ville et de la circonscription. J’apprécie donc ce soutien bienvenu. Quant à Corsica Libera, je respecte sa position, elle émane du parti. J’en appelle pour ma part à l’ensemble des électeurs et électrices qui se reconnaissent dans le projet que je défends, dans mon parcours qui n'a jamais dévié. Ils ont le choix entre deux visions différentes : celle portée par un nationaliste et celle d'un candidat soutenu par Édouard Philippe et la majorité macroniste, qui s’est illustrée par son mépris à l’endroit des Corses et des diverses majorités nationalistes. Je leur demande de faire barrage à la politique de Laurent Marcangeli.
- Laurent Marcangeli est arrivé largement en tête avec 16 points d'avance. Pensez-vous vraiment pouvoir rattraper cet écart ?
- La politique n’est pas qu’une affaire d’arithmétique, mais si on cumule les deux scores des candidats nationalistes, nous dépassons 30%, et nous sommes très proches du score de Laurent Marcangeli. Et ce calcul n’inclut pas les voix de Michel Mozziconacci ou d’autres candidats. Si l'on cumule les résultats des trois candidats qui étaient sur la même liste aux élections municipales, nous sommes largement devant. Par ailleurs, la stratégie de Laurent Marcangeli de participer à une éviction manu militari de Jean-Jacques Ferrara, au prétexte que la circonscription était perdue, n’a pas montré son intérêt. Force est de constater qu’il fait exactement le même score, à 300 voix près ! Donc, la dynamique espérée autour de sa candidature n’a pas fonctionné. J’ai envie de dire : tout ça pour ça !
- L’abstention s’élève à près de 54% dans votre circonscription. Comment l’expliquez-vous ?
- Il y a eu trop d’élections à répétition en Corse ces dernières années. Il faut absolument réfléchir aux modes de scrutin, à nos manières de faire de la politique, à nos modes de fonctionnement collectifs, à nos modes de communication. Il y a aussi un désintérêt général, une désillusion des citoyens quant à la capacité du politique à agir sur le devenir des gens, sur les options de vie collective ou individuelle. Pourtant, quelle que soit l’échelle, des décisions importantes sont prises par des responsables politiques qui agissent directement sur notre devenir. Ceci étant, le politique a aussi sa part de responsabilité.
- L’enjeu de ce second tour n'est-il pas au fond de faire tomber ou de fissurer la dernière citadelle qui échappe aux mains des nationalistes ?
- Non ! L’enjeu est de porter un projet politique conformément aux aspirations des Corses. C’est également d'envoyer un message à Paris. C’est aussi, dans la continuité de ce qui a été fait par les précédents députés nationalistes, de dire qu’un travail colossal a été fait, et qu’un travail encore important reste à faire pour la Corse. Les députés nationalistes ont fait la démonstration de l’impérieuse nécessité d’avoir des députés nationalistes corses convaincus d’une évolution statutaire de type autonomie. On ne peut pas avoir des députés, soit qui ne le sont pas, soit qui le sont par intermittence ou opportunisme au gré des vents gouvernementaux ou des ambitions personnelles.
- Pour être clair, c’est le cas de Laurent Marcangeli selon vous ?
- Manifestement, sa candidature est dictée par une ambition personnelle, politique, que je respecte, mais qui est différente de la mienne. Je m’inscris dans une ambition collective, au nom de la majorité territoriale et des intérêts du peuple corse. Il y a une nécessité absolue d’envoyer un quatrième député nationaliste pour aller négocier avec Paris et régler définitivement la question corse d’un point de vue politique. Nous portons avec Laurent Marcangeli deux visions de la Corse différentes sur un certain nombre de sujets. Je suis là pour accompagner lorsqu’il le faut et de manière crédible, dans le dialogue et dans le respect, les politiques de l’État lorsqu’elles sont justes et saines. En revanche, je suis un candidat aujourd’hui et demain, éventuellement, un député qui s’opposera aux politiques gouvernementales lorsqu’elles seront injustes. Je ne suis pas là pour adoucir l’injustice, comme peut le faire Laurent Marcangeli, je suis là pour y mettre un terme.
- Êtes-vous confiant ?
- Le simple fait qu’il y ait un nationaliste au second tour, c’est une percée historique sur cette circonscription, il faut le souligner. Je me bats le plus dignement possible pour être une alternative crédible. Au vu de la dynamique de campagne, de la configuration politique, je suis confiant pour le second tour et pour l’avenir.
- C’est d’abord le fruit d’un long combat au nom du nationalisme, qui a trouvé son origine contemporaine dans les années 60 et 70. Il y a une forme de continuité. Cette continuité, c’est aussi celle de la démarche portée par le président de l’Exécutif Gilles Simeoni dans le cadre des dernières élections territoriales à travers Fà Populu Inseme. Et puis nous avons, dans le cadre de cette élection législative, mené une campagne très dynamique avec notre équipe, et respectueuse de l’ensemble des candidats. Mon message était clair : mon seul adversaire, c’est Laurent Marcangeli et la politique macroniste parisienne. Après, ce score est peut-être aussi une forme de reconnaissance du travail continu que j'ai accompli à la Collectivité de Corse pendant quatre ans en tant que conseiller territorial. Enfin, je me suis adressé, dès le début, à l’ensemble des Corses. Je suis nationaliste corse, mais il est hors de question de faire la Corse des nationalistes, uniquement pour les nationalistes, donc logiquement, je m’adresse à tous les Corses, et je pense que ce message-là a été compris.
- Jean-Paul Carrolaggi a annoncé qu’il voterait pour vous à titre personnel, mais vous laisse convaincre ses électeurs. Comment comptez-vous fédérer l'ensemble des nationalistes sur ce second tour ?
- Tout mon parcours a été celui du nationalisme corse démocratique pour la reconnaissance des droits du peuple corse. J’ai l’intime conviction qu’il y a un petit peuple qui existe ici, au coeur de la Méditerranée et qu’il a un droit imprescriptible au bonheur. Cela doit se traduire par une reconnaissance juridique qui doit être déclinée à travers un certain nombre de droits d’un point de vue économique, social, linguistique, culturel, institutionnel. C’est ma définition du nationalisme. Depuis le début de cette campagne, je n’ai jamais parlé de division de la famille nationaliste, mais de nuances démocratiques qui devaient s’exprimer dans le cadre du premier tour. À partir du moment où il y a eu une croissance importante du mouvement national, il n’est pas anormal que s’expriment des nuances en termes de stratégie, de personnalité, d’exercice du futur mandat. C’est l’enjeu d’un premier tour. Je respecte la candidature et les électeurs de Jean-Paul Carrolaggi, j’ai mené avec lui des combats communs. Je n’estime pas avoir participé à une désunion, mais à un combat démocratique dans le cadre d’un premier tour. Maintenant, nous sommes au second tour, et c'est une autre affaire. C’est un duel, projet contre projet face à Laurent Marcangeli. Bien évidemment, j’appelle l’ensemble des électeurs à se rassembler autour de ma candidature, prioritairement ceux qui se sont portés sur Jean-Paul Carrolaggi et Michel Mozziconacci au premier tour, mais aussi l’ensemble des Corses.
- Michel Mozziconacci vous apporte un soutien officiel. Corsica Libera, en revanche, refuse de soutenir les candidats de Femu, quelle est votre réaction ?
- C’est une réaction de satisfaction, bien entendu, à l’adresse de Michel Mozziconacci. Il a été conforme à ce qu’il avait annoncé le premier jour de sa campagne : il avait alors dit qu’il appellerait à voter pour le candidat démocrate et progressiste qui serait qualifié au second tour, s’il n’y était pas. C’est chose faite, et je salue cette initiative. Je l’avais appelé dès le soir du premier tour, car il me semblait normal d’entretenir des rapports cordiaux avec des personnalités importantes de la ville et de la circonscription. J’apprécie donc ce soutien bienvenu. Quant à Corsica Libera, je respecte sa position, elle émane du parti. J’en appelle pour ma part à l’ensemble des électeurs et électrices qui se reconnaissent dans le projet que je défends, dans mon parcours qui n'a jamais dévié. Ils ont le choix entre deux visions différentes : celle portée par un nationaliste et celle d'un candidat soutenu par Édouard Philippe et la majorité macroniste, qui s’est illustrée par son mépris à l’endroit des Corses et des diverses majorités nationalistes. Je leur demande de faire barrage à la politique de Laurent Marcangeli.
- Laurent Marcangeli est arrivé largement en tête avec 16 points d'avance. Pensez-vous vraiment pouvoir rattraper cet écart ?
- La politique n’est pas qu’une affaire d’arithmétique, mais si on cumule les deux scores des candidats nationalistes, nous dépassons 30%, et nous sommes très proches du score de Laurent Marcangeli. Et ce calcul n’inclut pas les voix de Michel Mozziconacci ou d’autres candidats. Si l'on cumule les résultats des trois candidats qui étaient sur la même liste aux élections municipales, nous sommes largement devant. Par ailleurs, la stratégie de Laurent Marcangeli de participer à une éviction manu militari de Jean-Jacques Ferrara, au prétexte que la circonscription était perdue, n’a pas montré son intérêt. Force est de constater qu’il fait exactement le même score, à 300 voix près ! Donc, la dynamique espérée autour de sa candidature n’a pas fonctionné. J’ai envie de dire : tout ça pour ça !
- L’abstention s’élève à près de 54% dans votre circonscription. Comment l’expliquez-vous ?
- Il y a eu trop d’élections à répétition en Corse ces dernières années. Il faut absolument réfléchir aux modes de scrutin, à nos manières de faire de la politique, à nos modes de fonctionnement collectifs, à nos modes de communication. Il y a aussi un désintérêt général, une désillusion des citoyens quant à la capacité du politique à agir sur le devenir des gens, sur les options de vie collective ou individuelle. Pourtant, quelle que soit l’échelle, des décisions importantes sont prises par des responsables politiques qui agissent directement sur notre devenir. Ceci étant, le politique a aussi sa part de responsabilité.
- L’enjeu de ce second tour n'est-il pas au fond de faire tomber ou de fissurer la dernière citadelle qui échappe aux mains des nationalistes ?
- Non ! L’enjeu est de porter un projet politique conformément aux aspirations des Corses. C’est également d'envoyer un message à Paris. C’est aussi, dans la continuité de ce qui a été fait par les précédents députés nationalistes, de dire qu’un travail colossal a été fait, et qu’un travail encore important reste à faire pour la Corse. Les députés nationalistes ont fait la démonstration de l’impérieuse nécessité d’avoir des députés nationalistes corses convaincus d’une évolution statutaire de type autonomie. On ne peut pas avoir des députés, soit qui ne le sont pas, soit qui le sont par intermittence ou opportunisme au gré des vents gouvernementaux ou des ambitions personnelles.
- Pour être clair, c’est le cas de Laurent Marcangeli selon vous ?
- Manifestement, sa candidature est dictée par une ambition personnelle, politique, que je respecte, mais qui est différente de la mienne. Je m’inscris dans une ambition collective, au nom de la majorité territoriale et des intérêts du peuple corse. Il y a une nécessité absolue d’envoyer un quatrième député nationaliste pour aller négocier avec Paris et régler définitivement la question corse d’un point de vue politique. Nous portons avec Laurent Marcangeli deux visions de la Corse différentes sur un certain nombre de sujets. Je suis là pour accompagner lorsqu’il le faut et de manière crédible, dans le dialogue et dans le respect, les politiques de l’État lorsqu’elles sont justes et saines. En revanche, je suis un candidat aujourd’hui et demain, éventuellement, un député qui s’opposera aux politiques gouvernementales lorsqu’elles seront injustes. Je ne suis pas là pour adoucir l’injustice, comme peut le faire Laurent Marcangeli, je suis là pour y mettre un terme.
- Êtes-vous confiant ?
- Le simple fait qu’il y ait un nationaliste au second tour, c’est une percée historique sur cette circonscription, il faut le souligner. Je me bats le plus dignement possible pour être une alternative crédible. Au vu de la dynamique de campagne, de la configuration politique, je suis confiant pour le second tour et pour l’avenir.